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Les Bonnets rouges ne nous feront pas croire au Père Noël !

Contribution du MOC au numéro 11 des Z’IndignéEs, de janvier 2014.

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L’agro-industrie bretonne est en crise et c’est tant mieux !

L’écotaxe, symptôme et béquille d’un système productiviste agonisant !

Avant l’écotaxe, la crise bretonne avait déjà démarré par la fermeture et la liquidation de ses principales usines agroalimentaires, en particulier dans la transformation animale (GAD, Marine Harvest, Doux…). Cette crise, c’est donc celle d’un modèle de développement, encouragé et financé par l’Union Économique Européenne et son programme de liquidation de l’agriculture paysanne : la Politique Agricole commune (PAC).

Grâce aux financements européens, les agro-industriels de Bretagne et leurs pseudo-coopératives agricoles (celles de la FNSEA), ont largement permis  cette horreur productiviste, qui spécialisent les territoires tout en les mettant en concurrence, au plus bas coût.

« Depuis le début, le groupe nous dit que le prix du poisson a augmenté et que ce n’est plus rentable de faire du bas prix à Poullaouen » déclare un membre du comité d’entreprise de Marine Harvest.

La Bretagne est la première région agricole française (12% de la production sur 5% du territoire), qui alimente  le marché intérieur mais aussi beaucoup l’export, par des produits de mauvaise qualité, peu chers, et soumis à une âpre concurrence.

Alors que la Bretagne, comme toutes les régions françaises ne produit que 30 à 40% de ses besoins alimentaires et que 80% de ce qui se vend en grande surface de distribution (GMS) ne vient pas de la région.

C’est ce modèle industriel et productiviste de production et distribution des biens de consommation au plus bas prix, qui crée et entretient les crises économiques, sociales et environnementales bretonnes. Il entretient et justifie la crise agricole et politique actuelle, car c’est par le transport à bas coût  (et les primes à l’exportation) que le libéralisme peut continuer à mettre les régions en concurrence et à faire subsister une agriculture spéculative.

Ce monstrueux productivisme de la PAC a détruit, en 40 ans, les 4/5 des fermes bretonnes et plus de 500000 actifs, pour créer moins  de 60000  emplois salariés, en polluant les sols et les bords de mer, en rendant impropres à la consommation la ressource en eau…

N’oublions pas que ce modèle d’élevage, hors sol, menace notre santé par l’usage des antibiotiques et autres polluants. Mais il est aussi gourmand en énergie et en aliments protéinés que la région ne produit pas, il participe ainsi au pillage des ressources et à la destruction des agricultures paysannes dans les pays du Sud ….

 

Un Pacte sans avenir ou une indispensable Reconversion ?

Le gouvernement propose de bien piètres solutions pour sortir de cette impasse, qui se résument en deux points : renforcer la concentration industrielle et agricole et faciliter l’expatriation(mobilité) des travailleurs ; c’est à dire accentuer ce qui provoque les catastrophes !

Avec en concession aux lobbies routiers, le moratoire sur l’écotaxe, alors qu’il faudrait au contraire l’étendre à tout type de transport à longue distances, pour freiner cette économie seulement financière.

Et comble de l’incohérence, le gouvernement s’est engagé à demander le rétablissement des subventions à l’exportation des viandes congelées (destructrice des économies rurales des pays importateurs, consommatrice en énergie dans les pays exportateurs).

Ce n’est pas par l’augmentation quantitative d’une production vendue au rabais que l’on pourra « vivre et travailler au pays » en Bretagne; Ce n’est pas en renflouant l’agro-industrie et en facilitant la distribution industrielle que l’on résoudra la crise sociale bretonne. Au contraire, c’est en mettant fin à ce modèle d’économie productiviste que l’on pourra envisager de sortir de la détresse sociale ; car ce qui compte c’est de pouvoir vivre, au pays, d’une activité utile, pour la satisfaction des besoins des populations locales : l’inverse du modèle actuel agricole breton en faillite.

la Reconversion de la production agricole et de la distribution de ses produits passe par l’arrêt de tous les aides à la concentration et à l’accroissement des entreprises.

Il faut réduire le cheptel hors sol, rendre obligatoire l’alimentation produite sur l’exploitation, le pâturage; encourager les filières de transformation artisanale de proximités ; diversifier les productions sur une même ferme, permettre l’installation de nouveaux agriculteurs pour des productions vivrières autour des villes (maraîchage, fruits, petits élevages) ; intensifier les aides à la conversion en bio; réduire les surfaces agricoles pour mieux partager l’usage de la terre, revenir aux terres communes des collectivités pour faciliter la première installation.

Dissoudre les coopératives qui ne sont plus administrés par les paysans; revenir à une agriculture paysanne diversifiée assurant l’autonomie alimentaires des communautés locales, réintroduire des espèces et variétés répondant aux usages locaux, diversifiées, rustiques, et reproductibles.

Créer un revenu inconditionnel de reconversion et d’installation agricole et artisanale, jusqu’à l’autonomie financière du projet d’installation.

 

Vers une économie de proximité

En qui ce qui concerne l’agro-industrie et la distribution, l’objectif devrait être de réduire leur production pour produire des aliments de qualité nutritionnelle satisfaisante et approvisionner en priorité la demande locale afin de réduire les coûts énergétique de transport. Il faudrait sortir de la mise en concurrence des régions pour satisfaire les besoins essentielles des populations locales.

Cela passerait par la réduction de la taille des ateliers de transformation qui devraient devenir de réelles coopératives gérées par les usagers (agriculteurs, artisans, consommateurs et habitants) et les salariés ; cela passerait par la réduction du nombre de GMS et la réouverture de commerces locaux d’artisans transformateurs;

Les aides publiques devraient soutenir toutes initiatives visant à relocaliser les approvisionnements et la production , pour une économie de proximité, par la mise en place de boutiques paysannes collectives, de marchés paysans, et favoriser l’installation de paysans boulangers, paysans brasseurs…

Si l’on ne veut pas que nos enfants nous accusent, la restauration collective devrait se libérer des contraintes des marchés pour donner priorité aux fournisseurs locaux. Cela se traduirait par la création de nouvelles activités de services et de production artisanale ; d’activités d’accompagnement , de conseil et de formation.

Pour cela il faudrait supprimer toutes les aides facilitant la concentration des entreprises, les aides au transport longue distance et à l’exportation et au contraire investir dans la création de coopératives artisanales locales de distribution en y associant producteurs et usagers.

Enfin il faudrait mettre en place, pour tout salarié licencié, un revenu inconditionnel de reconversion, équivalent au salaire moyen régional et financé par un fond public abondé par les entreprises industrielles.

Ce revenu serait alloué jusqu’à l’aboutissement du projet de reconversion.

 

Produire, vivre et décider en Bretagne

Cette lutte « des bonnets rouges » a vu l’émergence de la volonté de création d’un pouvoir local renforcé pour une Bretagne réunifiée, afin que le peuple breton gère ses affaires au plus près. Déjà, des exemples d’alternatives existent en Bretagne, avec le Centre d’étude pour une Agriculture plus autonome, pour une complémentarité entre cultures fourragères et élevage, le réseau Cohérence, l’association Kaol Kozh  qui agit pour recenser et préserver les variétés végétales (potagères, céréalières, fourragères…) adaptées et adaptables aux terroirs bretons et à la production biologique.

En pays basque, les paysans et les artisans, forts de leur tradition de lutte pour la souveraineté du peuple basque, ont bâti leurs propres outils économiques régionaux, en créant par exemple leur Chambre d’agriculture alternative et leur monnaie alternative, l’Eusko.

Cette crise sociale et culturelle bretonne devrait donc permettre de faciliter l’émancipation politique du peuple Breton pour retrouver ainsi la maîtrise de leurs usages, mais à condition de ne pas croire au mirage du productivisme même coiffé d’un bonnet rouge.

Christian Sunt , Mouvement des Objecteurs de Croissance (le MOC)


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